DEUXIEME PARTIE, CHAPITRE 6

il ambitionnait toujours de constituer une phalange dont il serait le chef ; certains hommes se réjouissent de faire faire à leurs amis des choses qui leur sont désagréables.

En y réfléchissant 2 min, c'est plutôt évident pour la majorité des gens dans nos sociétés. Peut-être même que les choses se feraient d'elles mêmes si on en faisait un principe élémentaire : on ne devrait rien faire qui ne soit pas agréable, laisser aux autres toute activité qui ne soit pas réjouissante. Peut-être qu'en voyant le monde sous cet angle, on serait plus en mesure de supprimer ce qui n'est agréable pour personne.

Le monde est compliqué, je suis sûr qu'on ne risque pas d'aller loin en se basant sur ce genre de réflexions bancales.

Qu'est ce que j'ai à faire dans ce monde ? Les autres s'évertuent pour la richesse, la célébrité, le pouvoir. Moi, je n'ai pas d'état, vous êtes mon occupation exclusive, toute ma fortune, le but, le centre de mon existence, de mes pensées. Je ne peux pas vivre sans vous que sans l'air du ciel. Est-ce que vous ne sentez pas l'aspiration de mon âme vers la vôtre, et quelles doivent se confondre et que j'en meurs ?

J'aurais pas dit mieux, bien joué Gustave ! J'aimerais bien avoir l'occasion de parler de cette manière à quelqu'un. Je ne pense à personne en particulier, bien sûr. Si seulement c'était vrai, évidemment que je pense à elle...

Et ils s'imaginaient une vie exclusivement amoureuse, assez féconde pour remplir les plus vastes solitudes, excédant toutes joies, défiant toutes les misères, où les heures auraient disparu dans un continuel épanchement d'eux-mêmes, et qui auraient fait quelque chose de resplendissant, d'élevé comme la palpitation des étoiles